"Je n'ai pas eu la chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment..."

Jean-Luc, incarcéré à la prison de Lyon-Corbas — Parole des pauvres

Le sappel

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Paray-le-Monial, Fêtes de la Miséricorde - I

À Paray-le-Monial, pour la 8° année consécutive, du 1er au 3 avril 2005, se sont déroulées les « Fêtes de la Miséricorde ». Voici le texte de la 1° partie de l'intervention de Pierre et Geneviève DAVIENNE, de la Communauté du Sappel.

Pour lire ce texte plus confortablement, vous pouvez le télécharger au format pdf.

 

RECEVOIR LE DON DE DIEU POUR DEVENIR TÉMOINS DE LA MISÉRICORDE.

 

Introduction

Tout d'abord, un grand merci aux chapelains de ce lieu de nous recevoir. Il est très important pour nous de pouvoir partager en Église ce que nous vivons avec les familles du Quart-Monde. Ce que nous découvrons ne nous appartient pas, c'est le bien de l'Eglise. Nous faisons nôtre cette parole du diacre St Laurent qui disait en montrant les pauvres de Rome à l'empereur :

"Voici le trésor de l'Eglise." Le dit empereur n'a pas apprécié, puisqu'il a fait martyrisé Laurent ...

nous espérons que ce ne sera pas la même chose avec vous...

Nous vous proposons de lire deux textes de la Parole de Dieu : dans St Marc au chapitre 10. Il s'agit de deux rencontres : celle d'un riche ( auquel nous pouvons nous identifier) et celle d'un pauvre auquel également nous pouvons nous identifier. Dans ces deux rencontres nous trouverons la trace de la tendresse de Dieu par la manière dont Jésus répond au riche et à Bartimée l'aveugle.

Nous lirons ces récits avec tout ce que nous avons appris des familles les plus pauvres. Il s'agit donc d'une lecture particulière qui, nous espérons, fera grandir notre amour pour le Seigneur et pour les pauvres.

 

D'où nous parlons ?

Notre point de départ, ce sont les familles du Quart-Monde, et La Communauté du Sappel.

Les familles du Quart-Monde. Elles vivent l'exclusion. Elles ne sont pas seulement soumises à une système d'inégalité qui les maintiendrait dans la pauvreté, elles sont dans le monde de la misère, dans un enfermement radical. Depuis plusieurs générations, les familles du QM sont prisonnières de processus de mise à l'écart : les cercles vicieux de la misère. Les difficultés se renforcent et entraînent d'autres difficultés . Par exemple la vie dans un quartier de mauvaise réputation entraîne un manque de confiance en soi, des difficultés à apprendre à l'école, donc une impossibilité à se former professionnellement, donc des revenus faibles et une difficulté à se loger convenablement donc de nouveau un habitat dans des zones méprisées... et ça recommence...

Cette précarité, cette lutte permanente pour la survie ne donne pas aux familles les moyens de se forger une identité, personnelle et collective. La misère les oblige à vivre dans la honte, l'isolement et l'ignorance, sans possibilité de bâtir une histoire, de se projeter dans l'avenir, de vivre en permanence dans l'urgence.

La conséquence ultime de la misère, c'est d'intérioriser les jugements négatifs que les autres portent sur soi et de finir par se croire maudit, abandonné des hommes et donc maudit de Dieu. Être accusés d'être responsables de leur situation poussent les familles les plus pauvres au dégoût d'elles-mêmes, à des formes de désespérance. Il n'est pas possible de continuer à vivre si la souffrance et le mépris continuels viennent comme confirmer comme il le disent : "qu'on est né sous une mauvaise étoile, qu'on n'a jamais eu de chance et qu'on est mauvais". Il faut donc d'une certaine manière, payer... ce qui arrive semble logique.

En même temps, nous sommes étonnés de constater qu'il y a en Quart-Monde une vie, encore et toujours, malgré tout, et un expérience de foi absolument étonnante. Une foi qui n'est pas un "surplus culturel", mais qui est un besoin vital, radical de Dieu, et un désir radical de rencontrer l'autre, d'être attendu de lui.

 

La Communauté du Sappel.

Mouvement d'Eglise issu de ATD Quart-Monde, la Communauté du Sappel veut répondre collectivement aux aspirations spirituelle des familles du Quart-Monde en leur faisant la proposition de la foi. Elle consiste à permettre aux familles de relire positivement leur vie de misère pour y découvrir les traces de la présence d'un Dieu créateur et sauveur. Il arrive bien souvent que leur situation ne change de façon sensible, mais tout a un sens nouveau.

Ceci est mis en oeuvre par la pratique :

- d' une vie fraternelle,

- de l'apprentissage de la Parole de Dieu,

- d'une vie de prière et de célébration

- de rencontre avec d'autres croyants pour y expérimenter leur place dans l'Eglise comme membres à part entière.

Nous privilégions tout ce qui permet d'expérimenter une vie intérieure : atelier d'art, travail sur le corps, mémorisation, temps de retraite, de réflexion.

 

 

Lecture mot à mot de l'évangile de Marc 10,17-22

LE RICHE-  Marc 10,17-27

17. Et (Jésus) s'en allant sur le chemin


un (homme)  accourant et tombant à genoux devant lui, (Jésus)


l'interrogeait : " Bon maître, que ferai-je pour hériter d'une vie éternelle ? "


18 - Jésus lui dit : " Pourquoi me dis-tu bon ? Personne (n'est) bon si non un  : Dieu. 19 - Les commandements tu les connais : Ne tue pas, ne sois pas adultère, ne vole pas, ne témoigne pas faussement ne dépouille pas, honore ton père et ta mère. "


20 - Il lui déclara : " Maître, tout cela, je l'ai gardé dès ma jeunesse. "


21 - Alors Jésus l'ayant fixé du regard l'aima


et il lui dit : " Une unique chose te manque : va, vends tout ce que tu as, vends (le) et donne (le) aux pauvres, et tu auras un trésor au ciel et viens, suis-moi. "


22 - Mais lui, s'étant assombri à la parole s'éloigna attristé, car il avait de grandes possessions."

 

Commentaire :

La structure du texte est magnifique : elle s'articule autour de deux moments en actions et paroles de Jésus et de l'homme qui se répondent ; quel dialogue !

 

verset 17 à 19 : verset 20 à 22 : - action de Jésus

v17a - parole de l'homme

v20 - action de homme

v17b- action de Jésus

v21a - parole de homme - parole de Jésus

v21b - parole de Jésus

v18- 19 - action de l'homme v22

 

Contexte :

Ce court passage s'inscrit dans un ensemble plus large sur l'accès au Royaume de Dieu,composé de 4 parties :

1) La place des enfants : 10,13-16 2)

2) notre passage étudié ici : Le dialogue entre Jésus et un homme qui l'interroge

3) un enseignement aux disciples sur la difficulté d'entrer dans le royaume de Dieu, jusqu'au verset 27

4) et puis de nouveau un dialogue avec Pierre qui l'interroge aussi sur ce qui va arriver à ceux qui ont tout quitté. Le coeur de ce passage , c'est la certitude que " à Dieu tout est possible" (v27)

La structure du texte est magnifique : elle s'articule autour de deux moments en actions et paroles de Jésus et de l'homme qui se répondent ; quel dialogue !

 

verset 17 à 19 : verset 20 à 22 : - action de Jésus

v17a--------- parole de l'homme

v20 - action de homme

v17b------ action de Jésus

v21a - parole de homme--------------parole de Jésus

v21b - parole de Jésus

v18- 19-----action de l'hommev22

 

 Dans la 1ère partie de la rencontre : 17-18

v 17 : ambiguïté de la demande : l'homme demande ce qu'il faut FAIRE pour HERITER. Il est dans une logique du "donnant-donnant" alors que l'expression "hériter" tire d'avantage du coté de la gratuité, dans la mesure où quelqu'un hérite parce qu'il est fils et non par ce qu'il a fait telle ou telle chose. La miséricorde ne peut se comprendre que comme une gratuité de Dieu qui demande une réponse gratuite.

Jésus va d'abord renvoyer l'homme qui l'interroge à Dieu. Un Dieu qui est le créateur, et un créateur qui trouve que ce qu'il crée est BON (TOV). Et donc qui est un Dieu bon. Qui crée par bonté. Dieu est aussi celui qui se présente comme l'Unique en Exode 20,1-17, au début des 10 paroles. " Dieu seul est bon." c'est ce Dieu Unique qui a donné les commandements. Jésus renvoie à plus grand que lui.

Il le renvoie ensuite à la Torah, aux 10 paroles elles-mêmes. Il va en citer une partie seulement et surtout il va descendre la Table de droite et passer à celle de gauche. Jésus connaît par coeur ces 10 paroles, il va descendre la table de droite et remonter celle de gauche par le respect du aux parents, ( 5 ème Parole) comme s'il induisait de remonter vers la première parole, celle où Dieu s'affirme comme l'unique Dieu. Jésus va faire une lecture à l'envers pour redire d'une certaine manière que l'objectif de la Loi, c'est Dieu lui-même

  1. Je suis le Seigneur
  2. Pas d'autres dieux/Image
  3. Pas d'utilisation du Nom
  4. Shabbat
  5. honore ton père et ta mère
  6. Ne tue pas ---10 ne convoite pas
  7. ne sois pas adultère
  8. ne vole pas
  9. ne témoigne pas à faux

Il cite les 6 commandements qui sont de l'ordre de la relation aux autres... Jésus met son interlocuteur en face d'une charte universelle qui permet de réguler la violence et de la limiter, qui permet aux hommes de vivre ensemble.

La base de la relation aux pauvres, c'est la justice, c'est la loi. Avant de parler de miséricorde, de royaume, Jésus pose l'exigence de la justice, de l'honnêteté, tout simplement. Cela suffit pour hériter de la vie éternelle. Il y a une loi de bon sens, une loi universelle du respect de l'autre, dans ce qu'il est, à travers ce qu'il a. Si on construit sur l'injustice, tout l'édifice s'effondre. On est dans le mensonge, dans les arrangements de façade.

 

EXEMPLE : Mme V et la CAF et les Restos du Coeur. Une maman du Quart-Monde de Vénissieux venait d'avoir eu un enfant. Elle élevait seule quatre autres enfants. Sa situation était tellement compliquée qu'elle ne touchait aucune des allocations auxquelles elle avait droit. Pendant près de deux ans, une dame dévouée l'amenait au Resto du Cœur et dans d'autres lieux où elle était humiliée, devant quémander sa nourriture... La miséricorde passe d'abord par la justice.

 

Ceci illustre bien les propos de Albert Cohen dans "Carnets" cité par Marc Alain OUAKNIN : Amour du prochain :

" Tu aimeras ton prochain comme toi-même, est-il ordonné par le lévitique au verset 18 du chapitre 19. Aimez-vous les uns les autres, leur a dit Jésus, fils de mon peuple. D'accord, très beau, disent-ils, d'accord, on va s'aimer les uns les autres. D'accord... Aimez-vous les uns les autres, leur a dit Jésus, fils de mon peuple. Et, au mieux, ils traduisent par souriez-vous les uns les autres... Depuis deux mille ans ils parlent de leur amour du prochain et ils croient y croire. Ils jouent à aimer leur prochain, mais ils n'aiment pas.

O amour du prochain, théâtrale déclaration, et en fin de compte amour de soi-même, quête d'une présomptueuse sainteté, futilité et souffle du vent, dangereux amour mainteneur d'injustice, d'injustice par ce trompeur amour fardée et justifiée. O affreuse coexistence de l'amour du prochain et de l'injustice. O stérile amour qui au long de deux mille années n'a empeché ni les guerres et leurs tueries, ni les bûchers de l'Inquisition, ni les pogromes, ni l'énorme assassinat allemand. O affreuse coexistence de l'amour du prochain et de la haine."

( Albert Cohen, "Carnets, 20-21 août 1978". cité par M.A Ouaknine dans "Les dix commandements" Seuil page 243

 

v 20. la réponse de cet homme est sincère : il a gardé ces paroles, il a fait ce qu'il fallait. Mais cela ne le satisfait pas. Il cherche à aller plus loin. c'est comme dans l'Evangile de Jean 1,17 " Car la loi fut donné par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ". Jésus ne méprise pas la Loi, mais il va donner à cet homme un principe interne pour la vivre totalement.

2°partie :

21-22 v 21. Ici arrive la superbe réponse de Jésus pour celui qui veut en faire plus. D'abord une réponse en geste, une parole sans mot, comme dans les grands moments d'humanité. : Jésus va fixer son regard sur lui. Le mot grec suggère une vue dans , de l'intérieur ou dans l'intérieur. Il le considère de l'intérieur. Et puis il l'aime. Il y a chez Jésus comme un étonnement : le désir d'aller plus loin n'est pas mort chez cet homme.

C'est comme les pauvres quand il y a eu une vraie rencontre ils disent : " Celui-là, il est riche, mais il est simple..." Ils arrivent à dépasser les clichés, quand il y a une vraie rencontre. La miséricorde de Dieu s'exprime en Jésus dans ce passage comme un étonnement. C'est dans le "plus", dans cette volonté d'aller plus loin, dans ce qui dépasse l'obligation que la miséricorde du Christ va s'exprimer.. Il y a une minute, il le mettait devant l'exigence de justice, et là il l'entoure de considération et d'amour. Il n'y a pas de relation avec les pauvres sans ces deux pôles : justice et amour. la justice seule mène au totalitarisme, à un effet de masse, et l'amour seul, au pire des enfermements, à la confusion ( cf psaume 84,11-12 : "Amour et Vérité se sont rencontrées, elles ont embrassé Paix et Justice. .12 La Vérité germe de la terre et la Justice se penche du ciel.")

 

Une chose te manque : C'est la troisième fois qu'apparaît dans le texte le chiffre UN. Entre cet homme unique, et le Dieu Unique, il y a une chose, un élément qui va pouvoir faire le pont : un acte qui va permettre à l'humain de rencontrer Dieu. Jésus va donner sa nouvelle loi, sa nouvelle Torah non pas en 10 Paroles, mais en 5 actions précises, impératives. Dont le coeur est le don aux pauvres.

Va : plusieurs niveaux possibles de sens :

1)- va vers toi : seul dans ta responsabilité et ta liberté, en conscience. Jésus renvoie son interlocuteur à sa propre conscience. Comme Marie Balmary traduit l'appel d'Abram (Gn 12) : "Va vers toi, loin de..."Va à l'intérieur de toi, dans tes fragilités, tes blessures. Accepte de voir tes limites, tes impossibilité d'aimer. Accepte-toi comme tu es, c'est peut-être la condition de pouvoir te découvrir et de découvrir ce Dieu incarné qui est allé jusqu'au bout de l'humain, au plus profond. Il y a ce poème de René Daumal : " au fond se tient l'éternel vainqueur" C'est le seul chemin pour entrer en sympathie avec les autres, avec les petits, les faibles. C'est de l'intérieur de soi, qu'on peut rencontrer les autres...

 

2)- va te mettre en face de ce que tu as. Tout ce que tu as reçu, c'est un don de Dieu. Même le fait de travailler, de se donner du mal, d'avoir fait des études, c'est cadeau. Le vrai donateur, c'est Dieu. ça ne peut se découvrir que dans la vérité. Reférence à l'enseignement de Jésus sur la pière en Mt 6,6

 

3)- va te mettre au désert loin de moi, peut lui dire Jésus comme à chacun d'entre nous, expérimente de ne pas savoir, de ne plus savoir, de ne plus avoir d'image de Dieu, de toi, plus rien à défendre. Les pauvres vont t'amener à perdre tes repères, tes sécurités. Si tu n'es pas fondé en toi, tu ne tiendras pas. Il y a forcément des moments de nuit, d' absence, de doute.

 

Vends tout ce que tu as :

- Rend transportables tes biens. Tout ce que tu as appris ailleurs que dans le peuple, eh bien rends-le assimilable, "prenable " par les pauvres : la science, l'art, la technique., la spiritualité... Réapprends ce que tu as appris pour que cela serve aux pauvres, sinon, en fait, cela ne te sers pas à toi-même. Ce que tu ne peux pas partager est une richesse morte qui t'enferme. Le drame des riches, c'est qu'ils sont dans leur bulle, hors des réalités profondément humaines et donc spirituelles - Ne va pas cracher dans la soupe en croyant faire plaisir à Dieu... Les gens qui bazardent tout , qui se sacrifient entre guillemets..., le font payer cher aux pauvres , en les encadrant, en exigeant d'eux le prix de ce qu'ils ont laissé. Les pauvres n'ont pas besoin de gens qui vont vers eux par devoir, par principe ou idéologie, ils ont besoin de personnes pacifiées, réconciliées avec leur propre milieu, unifiées ( autant que c'est possible...) capables de rencontrer tout homme, riches ou pauvres, dans la vérité.

- vendre, ce n'est pas mépriser ce qui est beau, ce que Dieu nous a donné, par nos parents , notre milieu, c'est au contraire faire fructifier en l'épurant, en le faisant devenir simple, accessible, facteur de paix et de rencontre.

 

Donne :

- Que de malentendus sur le don. Il n'y a pas seulement le danger de se donner bonne conscience, c'est le secret de chacun, mais il y a le risque de provoquer d'énormes dégâts dans les familles plus pauvres :

- Mal donner : - encombrer les pauvres de nos déchets 

- crée l'assistanat

- entretient la misère en cassant les efforts des pauvres (cf. habits en 1/3 monde, céréales au Burkina....)

 

- Donner c'est d'abord connaître les personnes à qui l'on donne. (c'est effrayant de voir comment on utilise les pauvres. Noël ou carême : on organise et on cherche à qui donner.) pas seulement besoins, problèmes, mais richesses et désirs profonds.

- Donner c'est créer des moyens du savoir et de la dignité. On ne peut donner en vérité qu'à un frère. Sinon, on l'humilie, on le rabaisse dans le fait même de lui donner. On lui signifie qu'il est incapable de se prendre enc harge lui-même et on crée sans le vouloir une humanité de seconde zone. Les pauvres désirent êtres comme les autres donc il y a nécessité de partager ce qui nous a construits : outils de connaissance et de dignité pour relire sa vie et se projeter dans l'avenir. Vouloir pour les enfants des pauvres ce que nous voulons pour nos propres enfants. Sinon, il vaut mieux s'abstenir

- Et puis donner, c'est donner avec la conscience que tout ce que nous avons eu venait de Dieu, car c'est Lui le vrai donateur. La torah que l'homme a respectée depuis sa jeunesse, elle lui a été donnée au désert en même temps que la manne et que l'eau du rocher. Le don que nous faisons, n'est pas une action seulement humaine, c'est une action de grâce qui monte vers le Seigneur.

Le seul don possible, c'est de donner comme le Père créateur et libérateur donne, c'est à dire gratuitement.

 

Le trésor dans le ciel :

Le trésor dans le ciel, c'est la conséquence d'un don qui rend le pauvre libre, qui le rend capable de louange : c'est la louange des petits et des pauvres. Cela veut dire que la seule manière de donner aux pauvres, c'est de leur permettre de devenir à leur tour des adorateurs du Père, des personnes qui remercient Dieu et qui le louent pour sa gratuité. Si je ne fais pas comme ainsi, cela veut dire que je m'interpose entre les pauvres et Dieu et que je deviens idolâtre... de moi-même...

C'est pour cela que Jésus ajoute :

"Viens et suis-moi."

Mais nous n'en avons pas fini avec les 5 lois nouvelles. Jésus demande à l'homme qui a risqué la gratuité de le suivre. Il lui signifie de passer du "faire quelque chose" à "suivre quelqu'un" et donc d'être avec lui. Il l'invite à devenir "acolyte..." comme le mot grec le suggère, un collaborateur libre et pas un exécutant de principes. Cette grâce de pouvoir être associé au Christ ne donne aucun droit, aucun pouvoir sur quiconque. C'est le Christ qui marche en tête. Nous ne sommes pas aux avant-postes ; c'est lui qui a réalisé la loi, la loi d'amour et qu'il a complètement habitée. Le drame de la richesse, c'est qu'elle enferme dans de fausses sécurités alors que la seule sécurité c'est le Christ. Là encore Jésus fait grâce. Il s'offre comme garant, comme rempart contre l'orgueil.

Les pauvres sont le critère de vérification de notre attachement véritable à Dieu. Ils sont le lieu où je vais pouvoir véritablement comprendre le dessein d'amour de Dieu pour tous les hommes. Pas besoin de m'appauvrir héroïquement... volontairement, ce serait encore un acte de riche, ça viendra bien tout seul si je me laisse entraîner dans le type d'amour que Dieu déploie en Christ, par l'Esprit.

 

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