Si tu es l’ouvrage de Dieu, attends tout de sa main. Livre-toi à Celui qui peut te modeler, laisse-toi ouvrager. +

Saint Irénée — Parole de sages

Le sappel

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No 102
journal du sappel / Mars 2019 Une hotte bien remplie Télécharger le journal au format PDF

Editorial

Un sac pesant à chaque bras, Thérèse avance sur l’avenue. Elle marche le buste et la tête droits, force tranquille, sillonnant la ville d’un bout à l’autre, prend un bus, marche à nouveau. Là elle rend visite à une jeune maman en détresse, l’écoute et la conseille si celle-ci ne la chasse pas, lui fait un peu de ménage. De son sac elle tire quelques habits pour le bébé, ou une compote qu’elle aura préparée une heure plus tôt. Puis c’est une démarche au Pôle Emploi pour son fils, en galère lui aussi, ou une visite aux frères Capucins. En toute saison, nous la croisons ainsi, portant ses paquets, les remplissant, les vidant, au fil de la journée et des rencontres, assurant la libre circulation des biens et des services pour ceux qu’elle garde en son coeur !

Thérèse porte ses paquets un peu comme elle porte son histoire.

Qu’elle plonge la main dans son sac ou dans sa mémoire, on ne sait pas trop ce qu’elle en sortira à nous offrir, mais ses mots nous embarquent au milieu du gué, et il faut le passer avec elle pour ne pas sombrer dans le flot de l’histoire !

Ce jour-là, réunis avec nos amis du groupe de prière, nous partageons notre expérience à partir de l’Évangile de Jean, quand les disciples trouvent le tombeau vide au matin de la résurrection. Et voilà que Thérèse pose ses paquets. “ Je suis un peu comme dans le tombeau aujourd’hui, et j’y suis souvent ” nous dit-elle.

“ Face à ce qui est arrivé, des épreuves aussi terribles, je me retrouve comme si je me noyais. Alors je prie, je demande de l’aide, je me demande : Mais qu’est-ce que j’ai fait pour en arriver là ? Quand on perd quelqu’un trop tôt, qu’on se retrouve seule à élever des enfants, on n’a pas tendance à dire merci. C’est comme si on plongeait dans un trou noir, et le tunnel il est trop long. Je dis à Dieu : tu ne m’aides à rien du tout dans ma vie. Je me bats mais je ne vois pas les petits rayons de soleil. Les semaines passent, mais c’est toujours comme au début. Dans le trou noir, dans le tombeau avec les disciples, je n’arrive pas à dire : Seigneur, j’accepte toutes les épreuves de la vie.”

“Mais malgré toutes ces difficultés, je n’ai jamais douté de la foi en Jésus, j’ai des bases solides ! J’aime le Seigneur ! Ça n’enlève rien ! Mon amour pour le Seigneur, il n’est pas enlevé. Si je ne croyais pas, je n’accueillerais pas les personnes dans les églises, je ne chanterais pas dans les églises ! Je le fais parce que je crois !”

Seigneur, comme Thérèse, nous avons parfois le sentiment que ton aide se fait attendre et qu’aucune épreuve ne sera épargnée à notre humanité blessée. Et pourtant, oui, nous avons des bases solides ! Ces bases, c’est ton amour, Seigneur, un roc inébranlable !

Aimés ainsi, nous pouvons dire à notre tour : “ J’aime le Seigneur ! ”. Une bonne nouvelle que Thérèse transporte avec elle au coeur de la ville !

Pierre Yves Galloy, Chambéry

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