Dieu, il est affolé quand un homme se perd, comme une maman quand elle perd un enfant. +

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No 70
journal du sappel / Juin 2007 Journées familiales

Dialogue avec Laurence.

J.L. : Peux-tu nous présenter en quelques mots ton histoire, ton parcours pour que l’on apprenne à te connaître ?

L. : J’étais d’une famille protestante, mon père était non croyant, ma mère un peu, on n’a pas été élevé dans la religion. Mon père buvait beaucoup, j’ai toujours été dans la violence, ça a été très difficile. Même maintenant je souffre de claustrophobie par rapport à mon enfance. Moi aussi j’ai été alcoolique, j’ai vécu dans l’enfer de l’alcool, j’ai laissé un peu mes enfants de côté. Ils ont été placés et ça a été difficile. Un jour, je me sentais seule, comme abandonnée ; j’ai dit peut être que la prière va t’aider, je me suis mise à prier et là le Seigneur m’a aidée à affronter les difficultés. Quelque chose est entré dans mon corps, une lumière, et ça m’a soulevée. Quelqu’un qui me disait : « Je veux t’aider à te relever et tu verras tout ira mieux pour toi » et ça a été une chose merveilleuse que je n’oublierai jamais. J’étais à l’hôpital dans une maison protestante, avec d’autres personnes croyantes, musulmanes et là j’ai compris que quelqu’un m’aimait. Voilà le mot « aimer » que je ne connaissais pas avant ! Je me suis relevée et j’ai tout fait pour m’en sortir grâce au Seigneur. Le lendemain je suis allée vers les autres ; ensuite tous les soirs j’ai prié. Cette lumière grandissait en moi, cette foi aussi. Et là j’ai rencontré des gens qui m’ont guidée vers la foi. Maintenant mes enfants vont mieux, je leur donne ce que je peux dans la prière. Je suis veuve, j’ai 6 filles, la dernière a 9 ans, et 2 petits-enfants.

J.L. : Depuis combien de temps viens-tu au Sappel ? Qu’est-ce que tu y trouves ?

L. : Ça fait deux ans que je suis avec les gens du Sappel. Je reçois plein d’amour et ça m’apprend ce que je n’ai pas appris toute petite, la générosité, le partage. Le Sappel m’apporte beaucoup et j’aime bien y aller. Des gens sont avec moi et on discute de nos difficultés, et là c’est vraiment bien, j’aime y être. C’est chaleureux, plein d’amour, un amour qu’on reçoit du Seigneur et de Marie. C’est un endroit où on apprend la Bible. En ce moment c’est Abraham et on se met sur sa route, on tisse notre vie avec le Sappel. Dans les difficultés, on s’appelle, et j’aime y aller c’est un petit cocon.

Chaque mois nous avons les rencontres familiales. C’est un lieu de rencontre où on est bien. On rencontre des gens qui nous aiment, il n’y a pas de différence. On est comme on est ; le regard des autres il n’y en a pas et ça c’est important.

On est sur le chemin du Seigneur. D’être à ses côtés, faire la route, tisser notre chemin c’est être une personne normale. Pas de moqueries, pas d’engueulades, c’est ça que j’aime. Il y a des moments où y en a, mais on essaye de s’entendre, de mettre la paix. On est quand même dans la maison du Seigneur, au Sappel. Il faut le respecter et respecter les autres, car le respect est très important et le Seigneur nous le dit de s’aimer les uns les autres. Qu’on soit, gros, maigre, on est tous des êtres humains et le Seigneur nous a faits comme ça.

J.L. : Comment fais-tu le lien entre la parole de Dieu et les relations qui se tissent dans ton quartier et dans ta famille ?

L. : Dans mon quartier il y a la moquerie des gens qui vous regardent. Tu as vu comme elle est, elle ? Ca fait de la peine, ça blesse. Moi je sais que je ne suis pas toute seule, le Seigneur est avec moi. Je marche, je fais mon petit chemin avec le Seigneur à mes côtés et Marie.

Dans ma famille il faut mettre la parole de Dieu au niveau des enfants, elle est là et on doit la respecter. D’abord leur apprendre la religion, ce que Jésus a fait pour nous. Il a sacrifié sa vie pour nous, ça je le dis tout le temps à mes filles. Respectez-vous, ne soyez pas toujours dans la guerre, vous vous disputez pour un petit truc, ça sert à rien on a tellement de misère autour de nous. Pour un bonbon on ne va pas s’engueuler quand même !

Le Sappel pour mes enfants, c’est bénéfique, ça leur apporte la joie, la foi. Les petites ne comprenaient pas qui c’était Abraham et maintenant elles le savent, grâce aux Journées Familiales et elles retiennent.

J.L. : Depuis quelques mois tu as demandé le baptême, peux-tu nous dire pourquoi tu as fait cette demande ?

L. : Le baptême pour moi, c’est d’avoir plus de foi en Jésus, de suivre un peu son chemin parce qu’on en a tous besoin de lui. C’est quelque chose de très grand, j’avais besoin d’être baptisée. L’« Entrée en Eglise », ça a été pour moi quelque chose de grand. J’ai reçu plein d’amour que je partage maintenant avec mes filles. Y’en a qui sont d’accord, y’en a qui ne le sont pas. Moi, ça été une libération, je me suis rapprochée du Seigneur. Mes filles ont commencé à faire du catéchisme à la paroisse. Moi je veux leur apporter la foi pour qu’elles aient l’amour que Jésus leur a donné, qu’elles le transmettent à leurs enfants et que ça parte sur de bons sentiments. J’ai des difficultés avec Natacha, elle n’est pas mauvaise mais il faut qu’elle soit touchée par quelque chose venant du Seigneur.

J.L. : Pour toi, qu’est-ce qui fait qu’on a ou qu’on n’a pas la foi ?

L. : Je crois au Seigneur. La foi c’est dans le cœur, c’est le Seigneur qui nous a laissé un message. Dans l’alcoolisme j’étais aveugle, je ne voyais rien. J’étais dans l’enfer et à mes enfants, je ne veux pas que ça leur arrive. Je voudrais les diriger vers le Seigneur, les mettre sur le droit chemin, leur dire d’être bons, de ne pas être vulgaires. D’éviter les disputes, d’apprendre à pardonner, elles connaissent un petit peu le pardon. C’est vrai que c’est dur des moments ! J’ai confiance, j’y arriverai… avec la prière !

La prière, c’est de demander pardon, demander de l’aide parce qu’on en a besoin. Moi je prie pour demander de l’aide au Seigneur, que ma fille prenne le bon chemin, qu’il m’aide à la guider. La prière c’est un soulagement, on se confie, on dit au Seigneur ses problèmes. Pour moi la prière, c’est matin, midi et soir.

Quelquefois mon cœur se vide et des moments je pleure. J’ai ma petite Barbara qui vient vers moi et qui me dit : « Maman le Seigneur ne nous abandonne pas ». Je lui dis : « Je sais, il est là » et on prie. Même Natacha prie. Je veux qu’elle comprenne qu’elle n’est pas toute seule, on est là, on ne l’abandonnera pas. On sera présent, le Seigneur est avec elle.

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